Les actionnaires se gavent, les salariés stagnent.

Retrouvez ci-dessous le discours que j’ai prononcé à la tribune de l’Assemblée Nationale le 16 janvier dans le cadre d’un débat sur les salaires en France.


« Madame la présidente,
Madame la ministre,
Collègues,

21% d’augmentation en 2023. Ça fait rêver n’est-ce pas ? Ne cherchez pas, ce ne sont pas les salariés qui ont eu droit à un tel traitement de faveur. Non, ce sont les actionnaires du CAC40. Ceux que Monsieur Macron va cajoler demain, à Davos.

Pour les actionnaires, 2023 aura été l’année de tous les records ! Plus de 97 Md€, c’est le montant qu’ont perçu les actionnaires des seules entreprises du CAC 40.
C’est 8 fois le soit-disant déficit des retraites qui a servi de prétexte à voler deux ans de vie aux Français.
Pendant ce temps : plus de 3 millions de salariés du privé sont bloqués au SMIC. Les inégalités battent leur plein.

La cause, c’est l’égoïsme des actionnaires qui refusent d’augmenter les salaires !
La cause c’est que la richesse ne ruisselle pas. Elle s’évapore, captée par quelques-uns au détriment de tous les autres.

Il faut parler clairement.
Se limiter aux salaires, c’est oublier l’éléphant dans la pièce : la rémunération du capital – la prédation pourrait-on dire.
Le travail paie moins que la rente : grâce à ses actions, Bernard Charlès, PDG de Dassault Systemes, gagne en une seule année 1800 fois le SMIC : il touche en 1h et demi ce que la moitié des français gagneront en une année.

Aujourd’hui pour vivre dignement, il ne faut pas travailler, il faut être actionnaire ou bien né ! La France est plus que jamais un pays de rentier d’héritier, et ce n’est pas Madame Le Pen qui dira le contraire.

Mais on sent que des élections approchent. Le RN se souvient enfin du mot « salaire » !
Pourtant, depuis 18 mois, les salariés n’ont jamais pu compter sur le soutien de Madame Le Pen et de ses amis. Heureusement que la NUPES et les insoumis étaient là pour faire entendre la parole de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre.

Vous ne parlez pas des dividendes et du coût du capital.
Vous ne parlez pas des frais bancaires qui étranglent les PME.
Vous ne parlez pas de la course au dumping qui tire les salaires à la baisse par la sous-traitance, l’exploitation des travailleurs détachés ou sans papier.
Vous ne parlez pas de l’inégalité salariale entre les Femmes et les Hommes.

Ensemble, macronistes et lepénistes prétendent augmenter les salaires en baissant les cotisations sociales. La réalité c’est que baisser les cotisations, c’est baisser les salaires !
Baisser les cotisations, c’est affaiblir la sécurité sociale, le droit à la retraite, le remboursement des soins et des médicaments.

La seule proposition de Mme Le Pen sur les salaires : exonérer de cotisations les entreprises qui augmenteraient de 10% tous les salaires inférieurs à 3 Smic.

C’est 10 milliards d’euros par an de recettes perdues pour la Sécurité sociale.
C’est 5 fois la somme qu’il manque pour boucler le budget de l’hôpital public.
Ce n’est pas partager les richesses, c’est prendre aux travailleurs dans une poche, ce que vous prétendez leur donner de l’autre.
C’est continuer les mêmes politiques inefficace et coûteuses menées depuis des années alors qu’il y a déjà plus de 80 milliards d’euros par an d’exonérations de cotisations et chacun constate que ça ne marche pas !

En la matière, le lepénisme n’est qu’une variante du macronisme et les ouvriers n’ont pas plus à gagner avec Le Pen qu’avec Macron.

Vous voulez des hausses de salaire ? Alors il faut une rupture avec cette logique.
Je dis aux salariés de compter d’abord sur eux-mêmes. C’est par les luttes les plus fortes qu’ils ont gagné les plus fortes hausses de salaires.

Plus 20% en 1936.
Plus 35% pour le SMIG en 1968.
Et, en 2023, encore, à Verbaudet, les salariés ont obtenu par la grève des hausses de 4% à 7%.
Aux Etats-Unis, + 25 %.

Mais, nous, parlementaires, avons aussi les moyens d’augmenter les salaires.

  • Indexer les salaires sur l’inflation pour diffuser la hausse du smic aux classes moyennes.
  • Limiter de 1 à 20 les écarts de salaires dans les entreprises.
  • Créer dans les entreprises une commission de contrôle de l’égalité salariale F/H.
  • Augmenter le salaire des fonctionnaires.
  • Augmenter le SMIC à 1600 euros.

Pourtant, vous avez voté contre toutes ces mesures.

Pour lutter contre un salariat à plusieurs vitesses, il faut protéger les sous-traitants au lieu de laisser les grands groupes se gaver sur le dos des PME, de leurs salariés mais aussi bien souvent, de leur patron.

Pour protéger nos PME, il faut instaurer une caisse de solidarité inter-entreprises : que les grosses entreprises paient pour les petites.

L’augmentation des salaires est indispensable !

Elle ne se fera pas avec des mesures hypocrites et dangereuses comme le propose main dans la main macronistes et lepenistes.

Assez de préférence actionnariale, il est temps de passer à la préférence salariale !

Assez de protection des actionnaires, il est temps de passer à la protection populaire !  »