Retrouvez ci-dessous le discours que j’ai prononcé à la tribune de l’Assemblée Nationale le 04 avril 2025 pour le débat sur la perte de souveraineté industrielle et l’atteinte aux industrie stratégiques, et la remise du rapport dont j’ai été le corapporteur.
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les co-rapporteurs,
Collègues,
En vous présentant notre rapport sur la situation de l’industrie, nous savourons notre victoire idéologique. Même les macronistes n’osent plus fixer l’objectif d’une « start-up nation » ou d’un pays sans usine.
Le diagnostic est connu : la France est très largement désindustrialisée. A peine énoncée, la fable macroniste de la réindustrialisation est rattrapée par la réalité. La situation s’est aggravée : 5% de production industrielle en moins sous M. Macron. Les fermetures d’usines s’accélèrent. Plus de 200 000 emplois sont menacés. Face à cela, je veux saluer la présence en tribune, de représentants des salariés de General Electric, Vencorex, Sanofi. Ils défendent l’intérêt du pays, souvent seuls et souvent malgré vous !
Oui, l’intérêt du pays. Car l’industrie répond à un impératif de souveraineté : pour des productions aussi élémentaires que les blouses de nos soignants jusqu’à nos satellites. Ce sont des questions d’emploi, de savoir-faire.
L’indépendance nationale justifie que l’Etat mobilise tous les moyens pour défendre les industries stratégiques, comme le demandait hier mon collègue Saintoul dans le débat sur l’Ukraine.
Monsieur le ministre, il FAUT nationaliser Vencorex. Il faut nationaliser General Electric. Mais votre camp n’a cessé de brader nos fleurons ! Et ne dîtes pas que la nationalisation n’est pas une solution qui marche. Sinon, venez voir la réussite de la nationalisation des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire.
Réindustrialiser est aussi un impératif écologique face à l’urgence climatique. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, sortir de la dépendance aux énergies fossiles et à ceux qui les produisent. Et pour produire dans un cadre plus vertueux qu’ailleurs d’un point de vue de l’eau, de la biodiversité, des pollutions – cadre qu’il faut renforcer plutôt que saboter comme vous le faites au niveau européen.
Il faut notamment un plan d’urgence pour les filières de la transition énergétique, comme de l’automobile. Il est temps de défendre une Base Industrielle et Technologique des Energies Renouvelables comme on le fait pour la Défense car c’est un enjeu majeur d’indépendance pour le siècle qui vient, pour une économie de la paix.
M. le ministre votre propre gouvernement a prévu d’installer plus de GW de renouvelables que de nucléaire. Vous n’accepteriez pas que la filière nucléaire licencie et ferme. Alors pourquoi l’acceptez-vous pour le solaire ou l’éolien en mer ?
L’industrie est aussi un outil de prospérité sociale, de création de richesses, d’emplois et de meilleurs salaires malgré le développement de la sous-traitance ou de l’intérim, de ressources pour financer la protection sociale ou les services publics, en particulier à l’heure où ils sont menacés par vos budgets austéritaires.
Pour notre part, à gauche, nous sommes fiers d’avoir toujours été à la fois le camp de la redistribution ET le camp de la production, car les deux marchent ensemble !
Mais encore faut-il penser cette réindustrialisation. Et au regard de votre faillite, c’est à nous, la gauche, de penser la production au 21e siècle.
Il faut rompre avec ce qui n’a pas marché depuis 40 ans. C’est ce qui nous amène à défendre trois grands principes :
Planification écologique, Protectionnisme solidaire, Pouvoir des salariés.
Planification, car la politique de l’offre n’est pas une politique industrielle. Au lieu de jeter 200 milliards d’euros d’aides publiques chaque année sans condition, nous avons besoin d’un Etat qui agit dans l’économie sous forme d’investissements publics, de pôle public par exemple dans le médicament, de recherche publique alors que vous coupez 1,5 milliards d’euros ! Une folie !
L’électricité notamment ne peut être abandonnée au marché. Pour avoir un prix stable et compétitif, il faut un service public et un tarif régulé de long terme. C’est indispensable, pour permettre les investissements et la décarbonation.
Protectionnisme ensuite, car le tout-marché n’est pas non plus une politique industrielle. A quand la protection de l’acier européen décarboné ? Quand il n’y aura plus d’usine ? Au lieu de cela, l’UE veut encore un accord de libre-échange avec l’Inde ! Aux fous ! Nous avons besoin d’assumer des mesures protectionnistes pour rompre avec la concurrence déloyale, avec la Chine, avec les Etats Unis, et parfois au sein même de l’Union Européenne où se fait une délocalisation sur deux depuis la France !
Pouvoir des salariés enfin, car les caprices des actionnaires et leur exigence de rentabilité à court-terme ne font jamais une politique industrielle. M. Lombard avant qu’il soit ministre disait que la bifurcation écologique exigeait « une baisse de rentabilité » du capital et qu’il « faut l’accepter » ! L’industrie ne peut fonctionner et encore moins se transformer sans que les droits des salariés dans la direction des entreprises ne soit renforcés pour faire primer l’intérêt général.
Et chaque fois que cette question est posée, l’extrême-droite vient à la rescousse des actionnaires contre les salariés, alors que la France est déjà championne d’Europe des dividendes ! Voilà pourquoi il n’y aura pas plus de réindustrialisation avec Mme Le Pen qu’avec M. Macron !
Pour la ré-industrialisation, il est urgent de changer de cap. NOUS, nous le ferons !