Fonds de dotation de l’hôpital de Saint-Nazaire : l’hôpital public mérite mieux que la charité

Le centre hospitalier de Saint-Nazaire vient d’annoncer la création d’un fonds de dotation visant à permettre aux « acteurs économiques » de financer certaines de ses actions moyennant des contreparties.

Comme je l’ai exprimé au sein du conseil de surveillance du centre hospitalier, je m’oppose à cette création. Elle est une mauvaise réponse aux réelles difficultés de l’hôpital public.

Les difficultés que rencontre l’Hôpital de Saint-Nazaire, comme l’ensemble des hôpitaux publics sont la conséquence de la politique du gouvernement et des précédents.

La tarification à l’activité, l’austérité budgétaire, le manque de personnel et les conditions de travail difficiles menacent les hôpitaux publics d’effondrement. Ils ne tiennent plus que par le dévouement sans faille des soignants souvent épuisés.

A Saint-Nazaire, ces difficultés sont aggravées par celles liées au bail emphytéotique de l’hôpital (BEH) qui lie l’hôpital à un propriétaire privé, issu du partenariat public-privé lors de la construction de l’hôpital : étranglement financier et grande difficulté à faire fonctionner et développer l’hôpital.

Face à cela, le silence assourdissant et répété des gouvernements est insupportable. Il menace gravement la santé publique de la population du bassin nazairien.

La création d’un fonds de mécénat pour l’hôpital n’apporte aucune réponse à ses difficultés majeures.

Au contraire, il fait entrer l’hôpital de Saint-Nazaire dans la même logique que dans l’enseignement supérieur par exemple : des structures étranglées financièrement sont forcées de se tourner vers la charité intéressée, d’abord de façon ponctuelle et symbolique puis de plus en plus.

Quelques rappels s’imposent :

  1. En République, le seul mécénat s’appelle l’impôt ou la cotisation qui mutualise le financement des dépenses et garantit l’intérêt général. A l’inverse, le mécénat pousse à négocier des contreparties, à flécher les financements non vers ce dont la population a besoin mais vers ce que les mécènes veulent bien financer pour valoriser leur image.
  2. Le risque de conflit d’intérêt est inhérent et aucune charte éthique ni bonne volonté n’est assez solide pour y résister durablement, a fortiori dans un contexte budgétaire difficile.
  3. Enfin, dans un bassin industriel où les problèmes de santé publiques sont nombreux et majeurs, le risque est grand que certains « acteurs économiques » profitent de cette opportunité de financer l’hôpital pour améliorer leur image sans modifier leurs comportements portants atteinte à la santé publique ou à celle des salariés et à l’environnement.

A l’image du greenwashing, la recherche d’un « healthwashing » est certain.

Au lieu de pousser le centre hospitalier de Saint-Nazaire dans les bras d’un nouveau partenariat avec le privé, l’État devrait résoudre ses difficultés et tirer les leçons des PPP passés.

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, l’État doit résoudre les difficultés liées au bail emphytéotique et au budget de l’hôpital au lieu de l’engager dans une nouvelle étape de privatisation rampante.