Énergie : Bayrou et Le Pen préparent la pénurie

Retrouvez ci-dessous le discours que j’ai prononcé à la tribune de l’Assemblée Nationale le 28 avril 2025 pour le débat sur la souveraineté énergétique de la France.


Madame la Présidente,
Madame et Monsieur les Ministres,

M. Macron nous fait perdre du temps depuis 8 ans, et vous continuez, pendant que tant de français ne peuvent payer leur facture de gaz et d’électricité.

Vous deviez présenter une loi pluriannuelle sur l’énergie et le climat en 2023. Vous avez deux ans de retard et en plus, le débat d’aujourd’hui ne donnera lieu à aucun vote car vous avez peur de la démocratie. Vous allez imposer le décret de la programmation de l’énergie et à vous entendre tout à l’heure il y a fort à craindre que ce soit le Rassemblement national qui tienne le crayon.
Oui, vous faites perdre un temps précieux à la France.

Quel est le bilan macroniste ?
La France est en retard sur les objectifs de développement des énergies renouvelables, sur la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre, en retard sur la sortie des énergies fossiles et les dépendances qu’elle nous crée, en retard sur l’électrification pour décarboner notre consommation d’énergie.
Car NON, la France ne produit pas trop d’électricité mais elle est en retard sur la hausse de la consommation dont le pays et le climat ont besoin. C’est un bilan contraire à l’intérêt national comme à l’intérêt général humain.

Vous faites perdre un temps précieux à des filières industrielles que vous tardé à soutenir comme l’hydrolien, énergie renouvelable parfaitement prédictible et régulière, ou des filières que vous fragilisez gravement comme l’éolien en mer qui ne méritent pas le mépris dont vous avez fait preuve tout à l’heure.
Votre projet de PPE fait des promesses mais il y a urgence à passer aux actes !

Le désintérêt de votre gouvernement est insupportable quand vous laissez General Electric, ex Alstom, licencier au point de menacer l’usine de Montoir-de-Bretagne qui a assemblé les nacelles du premier parc d’éolien maritime à Saint-Nazaire.
Savez-vous seulement qu’elle sera bientôt la dernière usine d’assemblage de nacelles en France ?  Si elle ferme qui assemblera les centaines de nacelles des appels d’offres prévus même dans votre PPE ? Pourtant la filière de l’éolien maritime montre aussi ce qui fonctionne à l’image du contrat de RTE avec les Chantiers de l’Atlantique : deux entreprises nationales, à capitaux publics, une planification à long terme, de l’investissement public.
C’est ce modèle qu’il faudrait généraliser au lieu de sacrifier les ENR au tout nucléaire, tout abandonner au marché comme vous le faites.

Oui, légitimité démocratique, maîtrise publique, planification énergétique adossée à une stratégie industrielle, voila ce qu’il faut, voila ce que vous refusez !

L’énergie est un bien commun, pas une marchandise. Elle doit relever de la souveraineté populaire, suivre l’intérêt général et non les intérêts particuliers. Comme la guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls militaire, l’énergie est une chose trop sérieuse pour être abandonnée aux actionnaires des entreprises d’énergie !

Et l’intérêt général est clair : il faut sortir des énergies fossiles pour affronter le défi climatique. Ça passe par la planification écologique autour du triptyque : sobriété, efficacité énergétique notamment par l’électrification, développement des renouvelables. À l’horizon des 15 prochaines années seuls ces trois axes permettront de répondre à l’enjeu climatique et de garantir la sécurité d’approvisionnement électrique.

Le « nouveau nucléaire », que vous voulez imposer sans vote, arrivera quoi qu’on en pense trop tard. Les 100 milliards d’euros en jeu seraient plus efficacement dépensés pour décarboner en les mettant dans l’isolation des logements l’électrification des véhicules et l’investissement dans les renouvelables. Et tous les scenarios de RTE à horizon 2050, tous sans exception, même ceux avec le plus de nucléaire, prévoient tous un développement massif des énergies renouvelables.

Refuser les énergies renouvelables comme le fait le Rassemblement national c’est uniquement préparer la France à une pénurie d’électricité vous aurez demain des coupures d’électricité signé Marine Le Pen ou Jordan Bardella, on ne sait plus.

Pour une planification digne de ce nom, il faut de la maîtrise publique, un véritable service public de l’énergie. Vous faites tout l’inverse. Vous avez refusé de déroger au marché de l’électricité européen. Vous avez refusé de récupérer la pleine maîtrise d’EDF par un retour en établissement public. Vous envisagez de privatiser la propriété des barrages hydro-électriques pour plaire à la Commission européenne. Vous ne dites rien de vos intentions sur la poursuite de l’existence des tarifs réglementés de l’électricité et vous avez supprimé ceux du gaz alors qu’il faut au contraire des tarifs encadrés de long terme notamment pour décarboner notre industrie. Vous avez tout faux !

20 ans de libéralisation de l’énergie ont pourtant montré les dégâts : retard sur les objectifs climatiques , factures qui s’envolent, multipliées par deux depuis que l’électricité est devenue une marchandise pour les particuliers.
Quand c’est privé on est privé de tout dit un slogan, quand c’est privé ça marche moins bien et ça coûte plus cher que quand c’était public. Ca suffit ! Il faut sortir l’électricité du marché !

Il faut agir pour notre industrie, faire une base industrielle et technologique des énergies renouvelables comme dans la défense. Agir avec les salariés, notamment ceux de la centrale de Cordemais qui ne doit pas fermer mais rester un lieu de production d’énergie. Il n’y a pas que Saint-Avold qui utilise du charbon aujourd’hui, dont il faut sortir. Il faut agir avec nos concitoyens. La démocratie n’est pas un luxe, c’est le gage de la pérennité d’une politique souveraine pour la France.