Retrouvez mon discours à Cordemais pour la commémoration du 8 mai 1945.
Mesdames et Messieurs les élus,
Mmes et M. les autorités civiles et militaires, porte drapeaux, anciens combattants,
Mesdames, Messieurs,
« J’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l’acte solennel de capitulation de l’Allemagne ». C’est par ces mots que le Général de Lattre, commandant la 1ère armée Française, annonce à ses troupes cette « victoire de mai, victoire radieuse de printemps », le 8 mai 1945 depuis Berlin.
A 1500 km de là-bas, ici à Cordemais, une autre capitulation est signée. Une reddition. Celle des forces de l’Allemagne nazie qui continuaient d’occuper la « poche de Saint-Nazaire ». Et c’est donc tout naturellement que, député de 13 communes de cette poche, j’ai tenu à participer à cette cérémonie.
Enfin ! Près d’un an après le débarquement en Normandie, après tant d’années d’occupation, après tant de bombardements, le bassin nazairien sera libéré le 11 mai 1954, dernier territoire d’Europe libéré des nazis !
C’est ce double dénouement que nous célébrons aujourd’hui, 80 ans après.
Nous le commémorons d’abord.
En nous souvenant des millions de morts emportés par la boucherie de la guerre, par la folie génocidaire des nazis aidés de la complicité de l’État français de Vichy.
Nous nous souvenons des Juifs, Tsiganes, handicapés, homosexuels, communistes, socialistes, franc-maçons, gaullistes, résistants, otages, hommes femmes et enfants fusillés ou déportés vers les camps de la mort.
Nous nous souvenons aussi des civils tués sous les balles, et évidemment sous les bombes, y compris celles de ceux qui seront les libérateurs.
Pensées en particulier pour les 134 apprentis tués en pleine jeunesse par le bombardement du 9 novembre 1942 sur les Chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire.
Nous honorons leur mémoire. Comme nous honorons la mémoire de tous ceux tués aux combats sur terre, en mer et dans les airs pour notre liberté. Leur sacrifice ne fut pas vain.
Mais ce 8 mai n’est pas qu’une commémoration, c’est aussi une célébration.
Celle de la victoire militaire sur l’Allemagne nazie bien sûr. La victoire des armées alliées, notamment anglaise, soviétique et américaine, celle des soldats de la France Libre sous l’autorité du général de Gaulle ; de cette armée venue d’Afrique avec le général Leclerc, et renforcée de français libres ou de républicains espagnols en exil ; de cette armée des ombres aussi, soldats de l’intérieur, venue des maquis et unifiée sous l’action de Jean Moulin puis du Conseil national de la résistance.
Nous célébrons cette victoire en n’oubliant pas l’élan de la liberté écrasé dans le sang à Sétif et Guelma ce même 8 mai 1945. Nous célébrons cette victoire en clamant clairement « plus jamais la guerre » ! « Plus jamais de génocide » !
Nous célébrons la Libération. Elle est aussi une victoire morale sur l’idéologique nazie, une victoire politique.
Ce 8 mai, nous célébrons la renaissance de la démocratie sur le despotisme, le rétablissement de la République sur l’odieux régime de Vichy, la victoire du programme du Conseil national de la résistance sur l’abjection antisémite et réactionnaire et sur ceux qui dans les années 1930 avaient fait le choix de la défaite en souhaitant « plutôt Hitler que le Front Populaire ».
Quelques exemples : le suffrage universel, étendu aux femmes par l’Assemblée d’Alger, la mise au pas des « grandes féodalités économiques » et des traîtres à la patrie par la nationalisation d’entreprises, un « plan complet » de sécurité sociale, notamment pour la retraite des travailleurs, la reconstruction d’une presse libre et indépendante.
En listant ces exigences, ces réalisations, ces espoirs de 1945, chacun mesure l’actualité du 8 mai, pour la paix partout et pour tous, de l’Ukraine à Gaza, pour un monde plus humain, pour une France plus juste, pour une humanité débarrassée de tous les racismes – en particulier, qu’il vise les juifs ou les musulmans.
Ce combat-là ne s’est pas arrêté le 8 mai 1945. Il continue. Avec modestie et sans anachronisme, je fais mien les mots de la résistante Lucie Aubrac « Résister doit toujours se conjuguer au présent ».
Vive la victoire sur les nazis !
Vive la paix !
Vive la République !