Retrouvez ci-dessous ma tribune dans le journal Ouest-France :

Accord UE-Mercosur : Macron doit s’opposer.
Les 18 et 19 décembre, les chefs d’État de l’Union européenne décideront de signer ou non l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. C’est le plus important accord de libre-échange jamais conclu. Il est rejeté par 76% de nos concitoyens. Il est un point de bascule écologique, agricole, sanitaire et démocratique.
Que va faire la France ? Que dira M. Macron : oui ou non ?
Le 27 novembre, l’Assemblée nationale a tranché : elle l’a rejeté à l’unanimité, en adoptant la proposition de résolution que j’ai portée au nom du groupe LFI-NFP.
Cet accord est un point de bascule écologique. Il prévoit la hausse du transport de marchandises entre des continents séparés de 11 000 kilomètres, et renforce les multinationales de l’agro-industrie responsables de la déforestation de l’Amazonie, premier poumon vert du monde. Il menace les forêts, la biodiversité, le climat.
Cet accord est un point de bascule agricole. Il délocalise la production de notre alimentation, par le dumping social et écologique, alors que notre pays pourrait connaître son premier déficit commercial agroalimentaire depuis longtemps. Il ouvre la voie à l’importation en Europe de 180 000 tonnes de volaille, 99 000 tonnes de bœuf, mais aussi de sucre, de miel, et même de fromage ! Ce sera une concurrence déloyale contre nos agriculteurs déjà fragilisés, à commencer par les plus vertueux d’entre eux. Les prétendues « clauses de sauvegarde » n’y pourront rien : elles ne s’appliquent que de façon temporaire, une fois les dégâts causés.
C’est donc aussi un point de bascule sanitaire.La viande de bœuf de fermes-usines pourra déferler sur le marché. De même pour le poulet aux antibiotiques. Surtout, près d’un tiers des pesticides autorisés au Brésil sont interdits en Europe. A côté, la loi Duplomb contre laquelle se sont mobilisés 2 millions de Français et que nous abrogerons, serait presque un verre d’acétamipride dans un océan de glyphosate ! Les douanes sont incapables de contrôler un tel flux : seul 1% des produits agricoles le sont.
Les peuples exigent la fin de cette mondialisation destructrice. L’urgence écologique impose de passer d’une logique de compétition à une logique de coopération. Mais l’Union Européenne est incapable de proposer un autre projet aux peuples que le libre-échange, déjà rejeté en 2005. Et elle préfère sacrifier nos engagements climatiques avec ce nouvel acte d’allégeance aux multinationales.
Cet accord est donc un point de bascule démocratique : il prévoit que les multinationales pourront attaquer les législations européennes pour faire retirer les normes sanitaires et environnementales défavorables à leurs intérêts. Chose rare : il fait l’unanimité des organisations écologistes et agricoles contre lui. Pourtant la présidente de la Commission européenne Mme Von der Leyen veut passer telle un bulldozer.
M. Macron, après avoir dit que cet accord était « mauvais » au dernier salon de l’agriculture, semble prêt à l’accepter. Pourtant rien n’a changé. Et aucune des lignes rouges fixées par la France n’est respectée. Pire : pendant que l’Assemblée se prononçait contre cet accord, il recevait au même moment à l’Élysée des lobbyistes pro-Mercosur.
Ce double jeu doit cesser. M. Macron doit obéir à la volonté du parlement ! La France doit voter contre l’accord au Conseil européen. Elle doit mobiliser sa diplomatie pour construire une minorité de blocage avec d’autres États. Imposer cet accord contre le peuple serait une brutalité démocratique de plus.
Retrouvez mon intervention à la tribune de l’Assemblée Nationale pour faire adopter à l’unanimité la résolution s’opposant à la ratification de l’accord UE-Mercosur, le 27 novembre 2025 :